Projet “Ma classe qualité” (Lauréat académique JNI 2023)

École élémentaire Victor Hugo – Autun (71)
PROJET : Ma Classe Qualité
Le projet en quelques mots

Equipe porteuse du projet :

Séverine Brochot-Godfrin, Directrice

Pierre-Yves Jacquet, Coordinateur REP

Roselyne Guilloux, psychologue clinicienne et auteure du livre « Situations de harcèlement à l’école » aux Editions Retz (entre autres)

Le projet en quelques mots

En septembre 2022, l’équipe enseignante de l’école Victor Hugo d’Autun (REP) s’est emparée des outils proposés par le dispositif “Ma classe qualité” pour développer un projet axé sur la qualité relationnelle et la responsabilisation des élèves. Cela, en vue de prévenir les difficultés (et en particulier le harcèlement), qui nuisent aux apprentissages. Une démarche qui correspond pleinement au plan de prévention pHARe.

Pour la mise en place de cette action, les enseignants ont bénéficié de plusieurs formations et interventions de Roselyne Guilloux, psychologue clinicienne qui collabore, par ailleurs, avec l’association France Victimes. Depuis la rentrée, cette professionnelle de la psychologie enfantine et adolescente est intervenue auprès des parents à l’occasion d’une conférence ainsi que mensuellement dans les classes de CE2 et de CM2 afin de travailler sur les 5 besoins nécessaires aux enfants : le besoin d’appartenance, de survie, de pouvoir, de plaisir et de liberté. Des notions abordées en co-animation avec les enseignants dans le cadre d’ateliers philo.

Mise en œuvre dans le temps et l’espace

L’équipe enseignante met en œuvre la classe qualité en suivant le découpage de Francine Bélair (diplômée en psychologie de l’Université McGill à Montréal, auteure de plusieurs ouvrages dont Ma classe qualité, Chenelière/McGraw-Hill, 2007). Des ateliers philosophiques sont mis en place chaque semaine à l’école Victor Hugo, animés par Roselyne Guilloux. Ils visent à faire réfléchir les enfants sur les notions essentielles de respect, tolérance et empathie. Mais aussi à aborder la question du harcèlement qui “isole, traumatise, déprime et ôte tous les besoins” ; tout en donnant aux écoliers la marche à suivre : prévenir un adulte, consoler la victime de harcèlement parce que l’on ressent de l’empathie.

Le dispositif fait l’objet d’un suivi de cohorte pour mesurer les effets des actions engagées dans une démarche d’objectivation des actions menées. Idéalement, l’action devrait démarrer sur une cohorte de CP (voire le CE1) pour permettre d’engager un suivi sur la totalité de la scolarité primaire. C’est l’un des prochains objectifs visés.

Le projet essaime :

– publication dans le réseau ville et dans les médias.

– participation à la semaine harcèlement dans la ville d’Autun.

– implication du collège Le Vallon (de secteur) pour que l’évaluation de la cohorte soit également prise en compte jusqu’au collège.

– l’école Clos Jovet de Autun devrait rejoindre le projet l’an prochain.

Dimension partenariale

Le projet est soutenu depuis son origine par la ville d’Autun dans le cadre de l’Atelier Santé Ville. Celle-ci se félicite de l’amélioration du climat scolaire et l’évolution des compétences psychosociales des élèves. Par ailleurs une communauté protectrice de professionnels et de personnels formée pour accompagner les élèves et l’implication des parents, permettent de détecter et de prévenir les phénomènes de harcèlement qui pourraient survenir.

Constat après quatre années de mise en œuvre

Pour Mmes Champredonde et Dumas, professeurs de CM2, le climat de leur classe à changé et s’est apaisé depuis la mise en place de la classe qualité. Les conflits se règlent plus facilement et durablement, les enfants sont intéressés, apprennent mieux, sont davantage concentrés et ils sont heureux de revoir Mme Guilloux à l’occasion des ateliers philo. Les familles sont davantage impliquées dans la scolarité de leurs enfants et s’intéressent aux apprentissages.

POUR ALLER PLUS LOIN

La parole aux acteurs

1) Comment concilier les objectifs du projet et ceux spécifiques à  chaque élève ?

A travers ma classe qualité, l’élève apprend à reconnaitre lui-même  ses besoins spécifiques. Cela lui permet d’évoluer en confiance et de mieux apprendre. L’équipe a observé que les élèves étaient capables de déterminer leurs besoins. Chaque classe met d’ailleurs en place une autoévaluation, un élément très positif : c’est aux élèves de voir et d’évaluer s’ils ont débordé et comment ils peuvent faire pour réguler : ils se connaissent très bien et savent analyser leurs pratiques et savent quand ils ont débordé.


2) Ce projet favorise-t-il l’apprentissage de l’autonomie ?

Selon l’équipe enseignant c’est totalement le cas. Ma classe qualité permet un climat de classe apaisé. C’est dans une ambiance propice aux apprentissages que les élèves évoluent ; de fait, ils gagnent en autonomie, deviennent plus responsables et se sentent appartenir à la communauté de la classe en particulier.


3) Quels sont les éléments positifs qui ont été objectivement observés durant cette année scolaire ?

Des changements ont été observés dans la classe et avant tout, l’attitude positive des élèves : les petits conflits se règlent rapidement.

→ Les élèves s’écoutent, il n’y a plus de punitions et de sanctions.

→ On note une bonne ambiance de classe véritablement propice au travail.

→ Le conseils d’élèves sont satisfaisants. Les enfants sont contents de leur semaine. Et quand ils “brandissent” un nuage au lieu du soleil pour signifier un problème, c’est souvent quelque chose qui n’a rien à voir avec la classe.

→ Les élèves adhèrent et prennent du plaisir aux apprentissages.

Seules les récréations restent un moment où l’énergie des enfants reprend le dessus et où des débordements sont encore observés.


4) Est-ce facile de faire adhérer les familles ?

Ce n’est pas forcément évident. Mais pour les impliquer l’école a mis en place une animation en septembre, dès la rentrée. En février, elles ont également été conviées à une conférence qui réunissait Roselyne Guilloux et les équipes enseignantes. Plus d’une vingtaine de famille sur 55 sont venues, ce qui est positif. Cela a permis les échanges et d’observer que contrairement aux messages clairs, les enfants ne font aucun retour aux parents le soir à la maison sur les actions mises en place dans le cadre de Ma Classe qualité. Cela peut-être positif : c’est rentré dans les pratiques. Mais il faut continuer et garder un contact constant.